Le revenu familial, un concept vague et insidieux : analyse critique et historique des relations économiques familiales

Les relations économiques entre parents et enfants et entre conjoints se sont radicalement transformées au cours du dernier siècle. Les changements économiques (urbanisation, crises financières, guerres, etc.) mais aussi certaines lois et mesures sociales ont influencé grandement les liens d’interdépendances au sein des ménages au point d’en inverser parfois le sens des flux monétaires. En nous attardant spécifiquement au contexte québécois, cette réflexion tente de dégager les principaux points tournant de cette évolution en posant un regard sur les liens entre les jeunes et leurs parents et entre ces derniers et sur les enjeux sociaux qu’elle suscite. Belleau, Hélène et Raphaëlle Proulx. « Le revenu familial, un concept vague et insidieux : analyse critique et historique des relations économiques familiales », Enfances, Familles et Générations, no. 15, 2011, p. 78-109.

Articles scientifiques

Hélène Belleau, Raphaëlle Proulx

Aimer et compter ? Droits et pratiques des solidarités conjugales

Cet ouvrage est né des échanges suscités par une recherche internationale et pluridisciplinaire, portant sur la France, la Belgique, le Québec et la Suisse (ATIP – Action Incitative Jeunes Chercheurs, CNRS, 2006-2008.  » Les partages au sein des couples. Normes et usages de l’argent et des biens dans les nouvelles trajectoires familiales  » – programme coordonné par Agnès Martial). À travers les relations économiques, matérielles et patrimoniales jalonnant les trajectoires familiales contemporaines, dans l’étude de  » transactions intimes  » référant à différents univers normatifs, sociologues et juristes ont analysé ensemble l’évolution de la conjugalité et son articulation à la parentalité. Le principe d’égalité des sexes a redéfini la relation conjugale. La hiérarchie mari, femme et enfant a fait place à une relation contractuelle où homme et femme sont, du point de vue juridique, des sujets indépendants et libres de leur engagement. A l’heure de  » l’individualisation  » des relations familiales, interroger le couple sous l’angle des solidarités conduit cependant à souligner l’importance des liens d’interdépendance noués entre conjoints et parents, et permet d’y réinterroger les rapports de genre, en liant l’analyse des pratiques et des choix privés à celle de la dimension institutionnelle de la vie conjugale. Croisant l’analyse des usages sociaux et sexués de l’argent et des biens et celles des formes de régulation juridique de la mise en couple, de la rupture et de ses implications, les différentes perspectives déployées dans cet ouvrage explorent la notion de « solidarité conjugale « . Différentes temporalités sont ainsi envisagées à travers diverses formes de circulation des ressources : celle du partage de moyens communs de vie et de subsistance, établissant une forme de  » communauté  » conjugale et familiale, celle de la rupture du couple et des partages de biens, de charges et de ressources qui l’accompagnent, et enfin celle de la continuité des relations de conjugalité et de filiation à travers certaines formes de transmission des biens. Moins contraintes, plus électives, les solidarités conjugales y revêtent des formes plurielles et s’adossent à différents univers normatifs. Légitimées par le sentiment amoureux, elles prennent tout leur sens au sein d’une temporalité longue soutenant la réciprocité des échanges conjugaux, où semble se résoudre la tension entre l’exigence d’autonomie individuelle et l’existence d’une communauté solidaire. La précarité contemporaine des devenirs conjugaux en souligne toutefois la fragilité. Présumant de manière croissante l’autonomie et l’égalité des conjoints, l’évolution des règles juridiques entourant les nouvelles trajectoires familiales semble ignorer les asymétries qui traversent la réalité des arrangements noués au sein des couples comme les transactions à l’oeuvre après les séparations. L’étude du devenir des solidarités conjugales au fil des parcours familiaux montre alors que le couple n’est pas réductible à l’association de deux individus négociant leur devenir en toute égalité. L’attention aux inégalités de genre produites par les conditions économiques, sociales et juridiques des itinéraires conjugaux apparaît ainsi comme essentielle, et conduit à interroger la manière dont les politiques familiales permettent aux femmes et aux hommes de redéfinir leurs relations en tant que conjoints, mères et pères, à la croisée des sphères domestiques, économiques et professionnelles. Avec des contributions de Marianne Kempeneers, Jean-Louis Renchon, Hélène Belleau, Caroline Henchoz, Nathalie Baugniet, Alain Roy, Veronika Nagy, Sylvie Cadolle, Muriel Rebourg, Ingrid Voléry, Agnès Martial et Thuy Nam Tran Tran. Martial, Agnès et Hélène Belleau. Aimer et compter ? Droits et pratiques des solidarités conjugales, Presses de l’université du Québec, 2011, 247 p.

Ouvrages

Agnès Martial, Hélène Belleau

Regard international et canadien sur les politiques urbaines d’appui à l’économie sociale

Cet ouvrage rend compte de la diversité de l’économie sociale à Montréal à travers les dynamiques, globales et sectorielles, qui la caractérisent. Il le fait par la présentation des résultats de six recherches réalisées dans le cadre d’activités partenariales entre chercheurs universitaires et praticiens de l’économie sociale. Les recherches portent sur des secteurs d’activités révélateurs – tels que la médiation culturelle et les services de proximité d’aide domestique – de la réalité de l’économie sociale. Leclerc, P. et Marguerite Mendell. « Regard international et canadien sur les politiques urbaines d’appui à l’économie sociale », dans Dumais, L., D. Bussières and A. Béchard (dir.), L’économie sociale à Montréal, Montréal, Éditions Vie économique (EVE), 2011, pp. 87-106.    

Chapitre de Livre

P. Leclerc, Marguerite Mendell

Comment syndicats et outsiders arrivent à se mobiliser conjointement : le cas de l’économie solidaire au Brésil

De manière plus ou moins prononcée selon les pays, les syndicats peinent à défendre et à représenter des travailleurs (femmes, immigrés, chômeurs, précaires, pauvres, etc.) qui ne font pas partie de leur membership traditionnel. Ces catégories se retrouvent ainsi plus souvent sur les emplois atypiques et leurs aspirations se traduisent rarement en termes de revendications. Face à cette situation, peu de syndicats ont cherché à élargir ou rehausser leur représentativité en développant des stratégies qui répondent aussi aux besoins et aspirations de ces catégories de travailleurs. Plus troublant, quand des syndicats le mettent à leur agenda, ils n’arrivent pas toujours dans les faits à organiser ces travailleurs et peuvent même adopter des politiques qui vont à l’encontre de leur mobilisation collective. C’est notamment le cas au Brésil, comme le montre l’examen des pratiques de deux syndicats de métallurgistes de la CUT (Centrale unique des travailleurs) en direction des travailleurs dits informels. Yerochewski, Carole. « Comment syndicats et outsiders arrivent à se mobiliser conjointement : le cas de l’économie solidaire au Brésil », La Revue de l’IRES, no. 67, 2010, p. 5-34.

Articles scientifiques

Carole Yerochewski

Le revenu familial : un concept aveugle aux comptes amoureux des jeunes couples

La formule a valeur d’antienne, qui n’a pas eu ces mots à la bouche pour regretter la jeunesse d’antan ou, au contraire, pour se féliciter qu’elle ait changé ! Cet ouvrage brosse un tableau d’ensemble de la jeunesse en croisant les regards des principaux chercheurs en la matière issus de l’anthropologie, de l’histoire, de la sociologie et des autres sciences sociales. Il rassemble des études sur les parcours scolaires, sur l’insertion dans le marché du travail, sur la mobilité géographique, sur l’entrée dans la vie adulte, et sur la culture teintée des couleurs du cosmopolitisme des jeunes évoluant dans les sociétés francophones que représentent la France, le Québec, la Belgique et l’Acadie. Belleau, Hélène. « Le revenu familial : un concept aveugle aux comptes amoureux des jeunes couples », dans Hamel, J., C. Pugeault-Cicchelli, O. Galland et V. Cicchelli (dir.), La jeunesse n’est plus ce qu’elle était, France, Presses universitaires de Rennes, 2010, p. 274-285.

Chapitre de Livre

Hélène Belleau

Reflections on the evolving landscape of social enterprise in North America

Social enterprises, at least in the United States, internalize a hybrid mix of public, private and civil society activity, each and all of which are constituent and confluent. Is social enterprise re-embedding the market in civil society through its engagement to generate social wealth, or is it contributing to a process of dis-embedding, as a market-based approach to address societal issues imposes a strategy of commercialization? Simply asking this question demonstrates how difficult it is to capture this phenomenon in a homogeneous “new welfare mix” paradigm that realigns state, market and civil society relations. Not only do national contexts matter, but degrees of marketization or commercialization do as well. This article provides a broad overview of social enterprise in the North American context. In examining the literature on social enterprise, one navigates through a lexicon of numerous terms and definitions. Mendell, Marguerite. « Reflections on the evolving landscape of social enterprise in North America », Policy and Society, vol. 29, no. 3, août 2010, p. 181-282.

Articles scientifiques

Marguerite Mendell

Recherche partenariale en économie sociale : analyse d’une expérience novatrice de coproduction des connaissances

L’article présente une expérience québécoise de coproduction des connaissances, celle de l’Alliance de recherche universités-communautés en économie sociale (ARUC-ÉS). S’appuyant sur une longue tradition d’implication universitaire en milieu marginalisé, l’ARUCE-ÉS a renouvelé les modalités de recherche impliquant une étroite collaboration entre des universitaires et des acteurs de l’économie sociale. Après avoir présenté l’expérience du University Settlement of Montreal, nous décrivons les principes directeurs de l’ARUC-ÉS tout en analysant l’impact de ce type d’initiative. Fontan, Jean-Marc. « Recherche partenariale en économie sociale : analyse d’une expérience novatrice de coproduction des connaissances », La Revue de l’innovation : La Revue de l’innovation dans le secteur public, vol. 15, no. 3, 2010.

Articles scientifiques

Jean-Marc Fontan

The Social Economy in Québec: Towards a New Political Economy

Although the vocabulary is new, the social economy has been well established in Quebec for more than a century. Its development has been an integral part of Quebec’s social and economic history. The cooperative movement has a long and established presence and has contributed to the well-being and economic growth of Quebec. Numerous associations and non-profit organizations have played a vital role in meeting socio- economic needs over the years. In Quebec, these collective enterprises, whatever their juridical status, are recognized as economic actors alongside the private and public sectors. What distinguishes the social economy in Quebec, however, is its broad reach that extends beyond these collective enterprises to include social movements and territorial intermediaries that identify themselves as part of the social economy. Together they are represented by the Chantier de l’économie sociale in Quebec, a multi-scalar and multi-sectoral institutional space that is unique in its diversity and in its unity. This does not imply consensus on all issues. Rather, the Chantier’s commitment to constructing an alternative model of economic development embedded in a process of deliberative democratic decision making is the basis for this innovative network of networks. Mendell, Marguerite et N. Neamtan. « The Social Economy in Québec: Towards a New Political Economy », dans Mook, L., J. Quarter et S. Ryan (dir.), Why the Social Economy Matters, Toronto, University of Toronto Press, 2010, p. 32-58.

Chapitre de Livre

Marguerite Mendell, N. Neamtan

Les conditions de réussite des initiatives locales de lutte contre la pauvreté et l’exclusion qui mobilisent des ressources de l’économie sociale

L’économie sociale et l’action communautaire contribuent à faire face aux processus qui engendrent la pauvreté et l’exclusion, mais elles ne parviennent pas à elles seules à les infléchir. Par contre, combinées à l’économie publique et privée, elles peuvent être la base d’une stratégie plurielle de développement susceptible d’augmenter la richesse collective des collectivités locales. Voilà ce que montre l’analyse en profondeur de dix cas d’initiatives locales de lutte contre la pauvreté et l’exclusion menées dans trois régions du Québec (Montréal, Saguenay-Lac-Saint-Jean et Bas-Saint-Laurent). Selon cette analyse, la réussite de ce type d’initiatives dépend de 1) l’émergence d’un leadership fort, individuel, organisationnel et territorial, reconnu par les acteurs locaux et par les interlocuteurs régionaux et nationaux ; 2) la capacité des leaders et des acteurs locaux de mettre en œuvre et de mailler plusieurs types de projets, mobilisant des ressources procurées par l’économie sociale, le gouvernement et le marché ; 3) l’existence d’instances qui permettent de construire des consensus durables mais constamment renouvelés entre les acteurs ; 4) l’utilisation créative des programmes publics de façon à utiliser les ressources qu’ils procurent pour augmenter le bien-être de la collectivité ; et 5) la construction d’identités positives qui amènent les acteurs socioéconomiques à lancer des projets en partenariat et les citoyens à y participer. Klein, Juan-Luis et al. « Les conditions de réussite des initiatives locales de lutte contre la pauvreté et l’exclusion qui mobilisent des ressources de l’économie sociale », Cahiers du Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES), Collection Études théoriques, no. ET1002, février 2010, 52 p.

Articles scientifiques

Juan-Luis Klein, Jean-Marc Fontan, Carol Saucier, Diane-Gabrielle Tremblay, Pierre André Tremblay, Majella Simard